La vie du Prophète 
Appelée la « sira », ne nous est connue que par des traditions islamiques. La légende dorée se mêle constamment aux récits historiques et il est malaisé d’en entreprendre une synthèse objective. On doit à un fidèle de Médine, mort vers 769 (plus de cent trente ans après Mohammed (Alayhi Salat wa Salam), nommé Ibn Ishaq, un Abrégé de la vie édifiante de Mohammed, résumé cohérent et comportant nombre de traditions, le Quran, lui aussi, contient de nombreuses allusions biographiques.
1. AVANT L’HÉGIRE
Mohammed est le fils d’Abdallah (mort deux mois après la naissance du Prophète) et d’Amina (morte alors que l’enfant atteint l’âge de six ans) .Son nom qui a étais lui donner par son oncle Abu Talib signifie « le très exalté » Orphelin. il est élevé donc par son oncle Abu Talib (mort en 620). Sa famille était composée de membres puissants de leur tribu, appelée Quraysh, responsables de la Kaaba et de la Mecque. Abu Talib, bien que personnage influent, était pauvre. Pendant un certains temps, l’enfant servit comme berger dans le désert. A l’âge de douze ans déjà, il accompagne son oncle avec des caravanes se rendant en Syrie (achaam)
Au cours de ces voyages en caravane, le jeune homme eut l’occasion d’entendre des juifs et des chrétiens discourir sur leur Dieu unique… On dit qu’il fut un garçon intelligent, répugnant à la grossière immoralité de son peuple qui lui causait une grande déception. Dans ses années vingt, il est déjà une figure populaire. On ajoute qu’il aurait gagné les titres suivants: le vrai, le juste, le digne de confiance. Il vivra cependant assez à l’écart d’une société qu’il tenait pour dégénérée et chaotique
Arrivé à l’âge adulte 
On lui confie la conduite des caravanes. A l’âge de vingt-cinq ans, il entre au service d’une riche veuve nommée Khadija Binte Khouwaïlide
. Son savoir-faire impressionnera la dame et peu à peu leur relation s’approfondissant aboutira à un amour réciproquement partagé dans le respect. Quoi qu’âgée de quarante ans, Khadija épousera le jeune Mohammed, en 595. Durant de longues périodes pendant lesquelles nul parmi ses contemporains, voire ses proches, ne le prenait sérieux, et doutant bien souvent de sa propre vocation, Khadija restera à ses côtés.
Deux fils et quatre filles leur naîtront, pendant la vie de Khadija, durant les vingt ans de vie conjugale, Mohammed ne prendra pas d’autre femme durant ces mêmes années, Mohammed s’associe aux principaux de la ville et se familiarise avec la situation politique et religieuse du pays. Khadija était parente d’un Hanif converti au christianisme, et il est probable que le futur prophète eut l’occasion de discuter avec lui, sans doute aussi avec d’autres Hanifs, des problèmes de l’Arabie. Il connaissait des juifs et des chrétiens adorateurs d’Allah, le Dieu unique. Bien qu’il continue à se rendre à la Kaaba, Il est probable qu’il se soit déjà rendu compte que les images placées dans la maison d’Allah ne sont pas des véritables dieux.
On peut, avec quelque raison, penser qu’il fut un chercheur de Dieu. A présent, il a aussi bien du temps que de l’argent à sa disposition pour voyager. Sans doute, il lui a semblé qu’il pourrait se rendre ailleurs dans le Nejran, en Syrie ou en Ethiopie, pour effectuer des recherches auprès de chrétiens savants, les interroger au sujet de leurs Ecritures et de leur Dieu. Mais il ne semble pas avoir fait d’effort sérieux pour comprendre vraiment le contenu des Ecritures chrétiennes. Il n’a jamais su ce qu’était le véritable Evangile. Fut-il vraiment empêché de se rendre dans ces pays, vers des docteurs et des théologiens chrétiens, à cause des querelles sévissant entre diverses branches de l’Eglise orientale? Ou bien était-ce son orgueil national d’Arabe, originaire de La Mecque, qui l’empêcha de se rendre auprès des juifs et des chrétiens, gens minoritaires, pour chercher auprès d’eux une direction spirituelle? Quelle qu’en soit l’explication, à ce moment-là, il manqua définitivement l’occasion de se familiariser avec le Dieu de Jésus-Christ.
Mohammed
apparaît en cette Arabie où se mêlent la fierté, le culte de l’honneur, le respect de la parole donnée, la violence, la brutalité et l’âpreté des mœurs. Lutter contre toute forme d’idolâtrie, prêcher un Dieu unique, transcendant, créateur des mondes, seul juge, tout-puissant et miséricordieux, telle sera la mission principale que désormais il s’assignera. Sur les quinze années qui suivront son premier mariage, nous n’avons guère de renseignement sur lui, sans doute médita-t-il longuement sur ses inquiétudes religieuses, tout en se livrant à son commerce ordinaire.
2. LA « RÉVÉLATION » ET LES DÉBUTS DE LA PRÉDICATION
Nous exposerons ici ce que nous rapporte la tradition musulmane au sujet de la « révélation » et des débuts de la prédication du Prophète.
Une nuit, (en 610) alors que Mohammed est âgé de quarante ans, la foi musulmane verra le jour lors d’une « révélation » dans la caverne où il séjourne pendant six mois, et où il se livre à une méditation solitaire.
L’ange Gabriel lui serait apparu en lui adressant un ordre: » Proclame » Ne sachant bien s’il s’agissait d’un rêve ou d’une vision..
Il répond: « Que dois-je proclamer, je ne sais lire » Soudain, sa gorge se serre comme si l’ange cherche à l’étouffer.
De nouveau retentit l’ordre: « Proclame! » il proteste: « je ne puis même pas lire »il éprouve la même sensation d’étouffement,
pour la troisième fois, il entend l’ordre par L’ange Gabriel: « Proclame au nom du Seigneur… »
Proclame au nom du Seigneur
Le Créateur qui créa l’homme d’un caillot de sang 
Proclame. Votre Seigneur est gracieux
Il a enseigné par la plume
Ce que l’homme ignorait
(Coran 46:1-4)
Quand L’ange Gabriel disparut, Mohammed trouvera gravés profondément dans son cœur aussi bien l’expérience que les mots de l’ange,
Il ne comprenait ce que cela signifiait ni s’il pouvait faire confiance en ce qu’il venait de voir. Ne s’agissait-il pas d’un rêve..? Ou d’une illusion..? Ne serait-il pas la cible d’attaques de la part des méchants esprits..?
Ces questions sans réponse le plongeront dans une inquiétude désolante, à tel point qu’il songera à se supprimer. Mais, au moment où il lui semble devoir mettre fin à son existence, une force non identifiée l’en empêche. Tremblant, avec frayeur, il entendra une nouvelle fois la vois de Gabriel: « je suis Gabriel, l’ange d’Allah, et tu es son prophète. »
A partir de ce moment, le caravanier sait qu’il sera le Prophète d’Allah, chargé de mission auprès des Arabes. Aussitôt il se mettra à prêcher Khadija sa femme est sa première convertie. D’autres « révélations » ne tarderont pas à lui être accordées, à des intervalles plus ou moins réguliers.
3. LE MESSAGE
L’essentiel du message reçu consiste à déclarer l’existence d’un seul Dieu, d’Allah, à l’exclusion de toute autre divinité, seul véritable, créateur des cieux et de la terre. L’homme en est l’esclave, son devoir principal consiste à se soumettre à ce Dieu unique et à lui obéir.
La bonté de Dieu et sa miséricorde se manifestent dans la providence qui pourvoit aux besoins de tout homme, aussi tous lui doivent une humble reconnaissance. Un jour eschatologique et redoutable attend le monde lorsque la terre sera ébranlée; alors Dieu ressuscitera les morts pour les faire comparaître devant son tribunal de jugement final. Il récompensera avec des plaisirs charnels et le don d’un paradis sensuel ceux qui l’auront adoré et auront pratiqué des bonnes œuvres, il condamnera par le feu de l’enfer ceux qui se seront adonnés à l’iniquité, la pire de celles-ci étant la confusion du vrai Dieu avec des idoles.
D’où Mohammed tient-il ce message?
Selon les musulmans, il l’a reçu pendant des « révélations » successives. On peut supposer que l’unicité de Dieu lui avait été inculquée lors de ses rencontres avec les juifs et les chrétiens. En ce qui concerne le jugement, sans doute il le tenait de certains éléments de la doctrine chrétienne. Quelle que soit la manière dont il les ait reçues, Mohammed annoncera ces vérités avec un grand zèle et conviction, cherchant à amener les Mecquois à la repentance et à la foi au Dieu unique.
4. LES EFFETS DE LA PRÉDICATION A LA MECQUE
Peu de gens accordèrent crédit à la proclamation de ce message et à l’annonce que lui,
Mohammed, était porteur d’une révélation divine, Khadija, nous venons de le voir, devenant sa première convertie. Outre elle, ce sera un jeune cousin nommé Ali ibn abi Talib et son fils adoptif Zayd qui adhéreront à son enseignement. Plus tard, un marchand du nom d’Abu Bakr as Siddiq se joindra au petit groupe d’adeptes. D’autres, dont la plupart des gens modestes, s’ajouteront au groupe.
Ceux des classes supérieures l’ignoreront et bientôt le ridiculiseront, le tenant pour un homme du commun, dépourvu de toute qualification pour assumer une mission divine. Son message relatif à la résurrection des morts n’est qu’une incroyable assertion. Comment les morts reviendraient-ils à la vie? On l’accuse de sorcellerie et de fraude. Tandis qu’il commence à s’attaquer aux dieux de la Kaaba, qu’il tient pour faux les Mecquois redoublent leur opposition, allant jusqu’à persécuter le petit groupe. Ils n’osent toucher cependant au Prophète, parce qu’il jouit de la puissante protection de son oncle Abu Talib.
La persécution devient plus sévère, de sorte que Mohammed envoie quatre-vingt de ses adeptes en Ethiopie, pays voisin christianisé et athées. Ces réfugiés y sont accueillis et traités favorablement. Plus tard, rentrant en Arabie, ils retrouveront le Prophète à Médine.
L’opposition violente n’arrête pas Mohammed dans la dénonciation de ses ennemis, qu’il menace du châtiment divin. Des nouveaux convertis s’ajoutent au petit nombre qui l’encouragent à persévérer.
5. L’HÉGIRE
Incapable de progresser à La Mecque, il ne vit autre alternative que de transférer sa mission vers une localité plus favorable. Il décida de se rendre à Yathrib (la Médine).
A l’approche de son départ, il lui fut accordée une nouvelle « vision » qui le réjouit grandement après treize ans d’incompréhension. Il s’est vu transporté au ciel en conversant avec des prophètes et les apôtres du passé et déclare-t-il, il fut reconnu et honoré d’eux.
Durant cette nuit, il se serait corporellement trouvé au ciel (Al Isra’a wa Al mirage)
Ayant appris que les Mecquois voulaient empêcher son départ en compagnie de son ami Abu Bakr, il sort au cours d’une nuit et sous les yeux de ses ennemis et sans que personne ne le voie (Allah a fermer leur regarde), se réfugiant dans une caverne, de là, ils feront route vers Médine. Cet épisode est appelé « al-hejra », l’hégire. Cette nuit de fuite marquera plus tard la première année du calendrier musulman. Durant cette période, miracle. Cependant, il demanda un signe tangible pour convaincre son peuple que c’était bien Dieu qui l’avait envoyé. La réponse reçue affirma que le Coran était précisément le signe demandé. Le Prophète
considérait les Ecritures juives et chrétiennes comme des livres d’inspiration divine authentique, cependant, il estimait que les juifs et les chrétiens en avaient donné de fausses interprétations allant jusqu’à en déformer le contenu.
Quant à lui, il prétendra avoir été envoyé directement par Dieu afin de conduire les gens vers la foi véritable, celle d’Abraham (Al-Hanif)
. Il imite les juifs qui, pour prier, se tournent vers Jérusalem, il est tout disposé à gagner l’allégeance et le soutien de ces derniers.
6. SÉJOUR À MÉDINE
Dans sa nouvelle ville de résidence, Mohammed fait édifier la première mosquée (al-masjide an-nabawi). Un jour de vendredi, il y prononce son premier sermon. La situation politique à Médine étant passablement confuse, il prend bientôt entre les mains la direction des affaires aussi bien religieuses que politiques. Le nombre de ses disciples ne cesse de croître. On dit qu’il exerce une autorité prudente, ramenant paix et ordre au sein de la ville anarchique.
Il cherche aussi l’appui des juifs pour l’aider dans son entreprise. La sourate 2:.257 dit qu’il ne doit point exister de contrainte religieuse. Bien que certains juifs l’assurèrent que son apparition avait été prédite dans l’Ecriture, attestation qu’il cherchait d’ailleurs avidement, la majorité des juifs observa à son égard une prudente neutralité. Les juifs ne pouvaient croire qu’il fut leur messie, lequel, selon les prophéties de l’Ancien Testament, devait être issu de la famille royale de Daoud (David). Lorsqu’il se rendit compte de l’attitude plus que réservée des juifs à son égard, il les traita d’hypocrites. On lui répliqua que son avènement n’était nullement prédit dans leur Thora, il se contenta alors de les accuser de falsifier leurs propres écrits, non pas d’avoir substitué d’autres, inauthentiques, mais d’avoir omis de mentionner ce qui se référait à sa personne.
7. PROGRÈS ET AFFERMISSEMENT
A Médine, il n’est plus un prédicateur isolé, mais un véritable chef politique et religieux, il communique à ses fidèles son idéal d’une religion purifiée des pratiques païennes, adorant non pas des idoles, mais le Dieu véritable Unique. Le culte de celui-ci devait unir entre elles toutes les tribus arabes de la péninsule. Il se mit ainsi à réformer la législation de la cité et, à partir de l’an 624 de notre ère, à entreprendre une campagne contre les Mecquois, marquée par les événements suivants:
- Une victoire (Badr)
- Une défaite (Ohod)
- Le blocus de Médine que les assiégés entourèrent d’un grand fossé (Al Khandaq)
- Une série de négociations, de compromis,
- Finalement, en 630, la prise de La Mecque avec 10.000 fideles.
Mohammed
s’assurait un onzième mariage avec la fille d’un chef mecquois, concluant les dernières alliances dont il avait besoin pour asseoir son autorité.
En habile politicien, il ne supprima pas le pèlerinage païen à La Mecque, où l’on adorait la pierre noire. Ce pèlerinage était un véritable symbole d’union, puisque toutes les tribus nomades s’y retrouvaient. Le premier pèlerinage exclusivement musulman eut lieu en 632 sous les auspices mêmes du Prophète Mohammed
Durant toutes ces années, Mohammed
se mit à former une communauté de gens unis non par les liens du sang, comme c’était le cas dans une société traditionnelle arabe, mais par la foi en Allah et en son apôtre.
C’est à Médine que Mohammed élaborera sa doctrine religieuse. D’autres » révélations » lui viendront durant des moments d’intense transe, les descriptions qu’il a faites de ces rencontres, mémorisées et enregistrées par ses disciples, seront recueillies plus tard pour former le livre sacré de l’Islam, le Coran. Tandis que s’accroit le nombre des adeptes, le Prophète entreprend une série de guerres de vengeance.
En 628, les Mecquois donnèrent l’accord de laisser ses disciples effectuer un pèlerinage à la Kaaba, laquelle, aux yeux de la nouvelle religion, passe pour être toujours un lieu saint.
Deux ans plus tard, le Prophète y conduit une armée de dix mille hommes, remportant une éclatante victoire sans verser une seule goute de sang, et en en prenant le contrôle total.
La dixième année de la mission, en 620, le Prophète éprouvera deux pertes.
Son onde Abu Talib, qui l’avait soutenu et protégé, quoique n’ayant pas adhéré à la doctrine, meurt en cette année. Mourra aussi Khadija, son épouse. Plus de Cinque ans après la mort de cette dernière, Mohammed cherche la consolation en épousant Aïcha, la fille de son ami Abu Bakr, qu’il ne prendra chez lui que trois ans plus tard comme épouse favorite.
8. LA MORT DU PROPHÈTE 
Déjà atteint par la maladie qui devait mettre fin à ses jours, Mohammed
conduisit le pèlerinage de 632. Ce fut le grand défilé du triomphe de l’Islam. Dans une homélie mémorable, le Prophète rappelle à la communauté les fondements de l’Islam et, du haut d’un rocher, proclame de sa voix affaiblie, mais amplifiée par celle de Bilal, le premier « moathin » de l’Islam: « 0 Hommes, le Satan a désespéré d’être adoré sur cette terre qui est la vôtre, mais il se contentera des concessions que vous lui feriez dans vos actions, méfiez-vous de lui pour votre religion… 0 Hommes, écoutez mes paroles et peser-les, car j’ai accompli ma vie et je laisse en vous ce par quoi vous éviterez à jamais l’égarement, si vous y êtes fidèles, une loi claire, le livre d’Allah et la tradition de son Prophète. Ecoutez mes paroles et pesez-les. Sachez que tout musulman est un frère pour un autre musulman, et que les musulmans sont frères, qu’il n’est licite pour un homme sur la part de son frère que ce que celui-ci lui donne de son plein gré. Ne faites point tort à vos propres personnes. » Puis il demande à la foule.. » Ai-je remplis ma tâche ? » Par Allah, oui répond la foule . le Prophète Mohammed
dit : » Par Allah, je rends témoignage!… Aujourd’hui, le temps revient au point où il était , le jour où Dieu créa les cieux et la terre ! » Ce fut son dernier pèlerinage. Il rentrera à Médine, conscient de la proximité de sa fin.
Frappé d’une pleurésie, il mourra à Médine, le 8 juin 632. Il sera enterré sur place, sous la chambre où se trouvait son lit de mort. Cette pièce fut par la suite rattachée à la mosquée. La légende raconte que Fatima, sa fille
, prit un peu de la poussière couvrant le cercueil et s’écria: » Lorsqu’on a senti la poussière de sa tombe, peut-on encore prendre goût aux parfums les plus exquis ? «
9. APRÈS LA MORT DE MOHAMMED 
Les luttes au nom de l’orthodoxie commencent après la mort du Prophète. Elles n’ont guère cessé. Engagées au nom de la pureté de la loi islamique et du retour aux sources, elles reflètent aussi des rivalités pour l’accession au pouvoir. Sur les quatre premiers califes (Al-kholafa’a rachidin), trois connaissent un sort tragique.
Abu Bakr Siddiq
(632-634) se définit comme calife ou » Successeur de l’envoyé de Dieu «
Omar ibn Alkhatab
(634-644) s’attribue le titre d’Amir al Mouminine, ou commandeur des croyants. C’est lui qui entame les grandes chevauchées à la tête des cavaliers d’Allah, soldats-prédicateurs qui recourent au Coran autant qu’à l’épée, mais il meurt percé du poignard d’un esclave chrétien.
Outhman ibn Affan (644-656)
Ali ibn Abi Talib
(656-661) seront également assassinés. Ces déchirements n’empêchent pas l’Islam d’étonner par ses audaces et sa fulgurante progression. En un siècle, se constitue un des plus vastes empires du monde, il s’étend du Tage à l’Indus, de l’océan Atlantique à la mer d’Aral, des Pyrénées au Sahara. Repoussés à Poitiers en 732, les Maures font de l’Andalousie un joyau et de la Sicile un jardin. Malgré ses divisions, l’Islam est pendant plusieurs siècles le seul grand foyer de civilisation avec la Chine. Damas, Bagdad, Samara, Samarkand, Boukhara, Le Caire, Kairouan, Bougie, Tlemcen, Fès, Marrakech, Grenade, Cordoue… sont des centres de création qui illustrent le » miracle arabe » comme il y a eu dans l’Antiquité le » miracle grec «
Alors que l’Islam connaît de nombreux schismes et s’étend sur une multitude de peuples, c’est la permanence de l’unité dans la foi et dans le rite qui l’emporte et s’impose, sans empêcher cependant le génie propre à chaque région de s’exprimer. L’art en est profondément marqué. Des minarets carrés d’Andalousie et du Maghreb aux minarets-fuseaux du Caire ou d’Ispahan, ce ne sont que variations sur un même thème. Le Coran n’interdit pas formellement la reproduction de la nature dans l’œuvre d’art (le Prophète aurait porté une tunique dont le bas était brodé de palmiers et d’animaux), mais il prescrit de détruire les idoles. C’est ainsi que l’abstraction.
Au vingtième siècle, l’Islam devient un bouclier pour les peuples colonisés. A l’heure de la décolonisation et des indépendances, il est vécu comme une religion du Tiers monde qui valorise ses adeptes. Il a su profiter des bouleversements économiques et des » ruptures sociales » pour substituer une forme de vie communautaire, à une autre devenue anachronique.
Face à un Occident laïcisé et à un monde communiste qui professe un athéisme militant, il apparaît beaucoup comme un recours et un refuge. Il emporte surtout l’adhésion parce que sa foi est simple… Cependant, l’Islam, qui n’est pas seulement une foi, mais aussi une civilisation, un mode de vie et une culture, s’aura t-il relever le défi du siècle, réaliser la symbiose entre religion et développement, tradition et modernité ?
L’Encyclopédie Britannica le proclame (l’Homme de religion qui a connu le plus de succès sur cette terre.)
George Bernard Shaw a déclaré que si Mohammed vivait encore, il réussirait à résoudre tous les problèmes qui menacent notre civilisation aujourd’hui.
Thomas Carlyle fut tout étonné qu’un seul homme, d’un seul tour de main, pût souder des tribus ennemies et des Bédouins nomades en une nation, la plus puissante et la plus civilisée qui soit, et ce, en moins de 20 ans.
Napoléon et Gandhi rêvaient inlassablement d’une société de la même trempe que celle forgée par cet homme en Arabie il y a 13 siècles.
En effet, nul autre humain n’accomplit autant dans les domaines aussi variés de la pensée et du comportement humains, et dans un temps aussi limité, que Mohammed . illettré, il était cependant un enseignant des nations, un réformateur social, un guide moral, un penseur politique, un génie militaire, un colosse de l’administration, un ami sincère, un compagnon merveilleux, un époux dévoué, un père affectueux – tout cela en un seul homme.
Aucune personnalité de l’histoire ne put le surpasser ou même l’égaler, dans n’importe quel domaine de la vie